PARIS-B vous convie à la première exposition personnelle de Souleimane Barry à la galerie, intitulée Racines.
Qu’est-ce qu’une racine? Ce mot ancien, issu du latin « radix », désigne d’abord ce qui lie l’être vivant à la terre. Invisible mais vital, c’est par elle que la plante puise sa sève, son ancrage, sa mémoire. Mais au-delà du règne végétal, la racine est aussi une métaphore universelle : celle de nos origines, de notre appartenance, de nos transmissions silencieuses.
Dans cette nouvelle série de toiles, Souleimane Barry explore les racines dans toute leur richesse polysémique. Il interroge l’interdépendance du vivant, la force des cycles naturels, mais aussi la fragilité de nos liens fondamentaux – à la nature, à la terre, à nos histoires. Ses personnages, entre apparition et disparition, semblent émerger d’un humus partagé.
Racines n’est pas un retour aux origines, mais une quête d’ancrage vivant. Le peintre plonge dans les profondeurs pour faire surgir un présent incandescent, traversé par le déracinement autant que par le désir de réancrage dans un monde commun.
Dans la nature, rien ne pousse sans un système souterrain. La racine n’est pas un simple passé : c’est une architecture active, une condition de croissance. Elle relie l’être au sol autant qu’à une dynamique.
Simone Weil parlait de l’enracinement comme d’un besoin vital. Glissant évoquait des racines rhizomes, multiples et ouvertes à l’Autre. Arendt affirmait que l’homme porte ses racines en lui, les transformant au fil des déplacements.
Chez Barry, cette pensée traverse la matière. Il mêle eau et huile, fait coexister des éléments incompatibles, créant des textures organiques et instables. Chaque toile devient un sol vivant, nourri de tensions, de métamorphoses silencieuses. La racine devient méthode : elle relie, irrigue, révèle ce qui, autrement, resterait souterrain.
Né au Burkina Faso, installé en France, Barry habite un entre-deux fécond. Ses racines, culturelles, spirituelles ou imaginaires, ne renvoient jamais à une origine figée. Elles sont mouvantes, fragmentées – à l’image du rhizome.
Dans un monde qui se délie, Racines nous invite à ralentir, à regarder ce qui nous relie encore. Et peut-être, à réapprendre à pousser ensemble.