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    SHAO BINGFENG

    Selon sa fille Bi Keyuan, Shao Bingfeng n’a jamais étudié la peinture, bien qu’elle ait été brodeuse dans sa jeunesse. Peut-être sa compréhension des formes prend-elle sa source dans cette expérience. En effet, si nous étudions attentivement ses peintures, nous voyons l’influence que la broderie a eu sur son mode d’expression très personnel. Celui-ci, cependant, n’est pas régi par les règles académiques. Il ne se plie pas aux lois de la perspective mais crée les siennes propres en empruntant aux tecniques de la peinture sur bois, la broderie, ou aux motifs décoratifs des tableaux d’affichage. On le voit dans son rendu de la lumière et de l’ombre, dans le tracé maladroit de ses formes. Elle a rejeté la rigueur, la rigidité des règles académiques, nous laissant en héritage une œuvre fortement subjective à la saveur d’art populaire.

    Shao Bingfeng est née 1947. à Wendeng dans la province du Shandong. Comme la plupart des villageois au début de la Chine nouvelle, la famille de Shao était extrêmement pauvre. Après des études au collège, elle a travaillé tantôt comme agricultrice, comptable ou institutrice, avant de se consacrer à sa peinture.

    Shao Bingfeng est née en 1947, dans le village d’East Putou de la province de Dong. Elle avait trois frères et une sœur aînés et trois sœurs plus jeunes. Shao est entrée à l’école primaire en 1955. Comme la plupart des villageois au début de la Chine nouvelle, la famille de Shao était extrêmement pauvre.

    En 1958, Mao a lancé le Grand Bond en avant et a établi des communes populaires. La population rurale était forcée de collecter de l’acier et pour atteindre les objectifs fixés par les cadres locaux, la vie de Shao est devenue une quête sans fin de cet alliage comme pour la plupart des étudiants et des agriculteurs. Deux ans plus tard, elle obtient son diplôme, au tout début de la Grande famine qui causa la mort de millions de chinois. Shao et ses frères et sœurs ont survécu en mangeant les feuilles d’arbres qui poussaient dans la montagne.

    Shao a été admise au collège de la ville de Wen Deng en 1961. La Chine traversant toujours ses trois années de Grande famine, elle n’avait que des feuilles de patate douce à manger et de vieux vêtements usés de son père à porter. Elle se souvient de cette période comme de la plus difficile de son existence. Quelques années plus tard, Shao échoua à l’entrée au lycée et commença à travailler dans une exploitation agricole à tisser des paniers puis à réaliser de la broderie.

    En 1966, la Révolution culturelle chinoise qui était en route a engendré des luttes de factions touchant toutes les couches de la société. Et au cours du mouvement révolutionnaire, les jeunes comme Shao vivant dans les villages ont été contraints par les cadres locaux de travailler jour et nuit dans l’esprit du collectivisme. Le début de la Révolution culturelle l’année suivante priva Shao de la possibilité de travailler. Tout le système éducatif du pays fut mis à l’arrêt. Dans le village de Shao, les enseignants furent malmenés de toutes les façons ; de l’humiliation publique à l’emprisonnement arbitraire et à la torture. Son rêve de retourner à l’école a donc été brisé.

    Le 1er mai 1971, Shao s’est mariée avec Bi Shufang, un travailleur du gisement de pétrole 5-7. La fille aînée de Shao est née en 1972 et dès 1975, elle accouchait d’une seconde fille. Encore une fois, la vie n’était pas facile pour Shao qui élevait seule ses deux enfants dans le village natal de son mari pendant que celui-ci travaillait loin d’elle sur le champ d’extraction. Les époux furent enfin réunis en 1978. Elle pu emménager avec son mari et leur deux filles sur le champ pétrolier de Sheng Li. Vivant avec 52 yuans chinois par mois, la famille parvenait à peine à se nourrir. En 1980, la compagnie de son mari lui proposa un emploi dans leur crèche, payé 25 yuans par mois; leur train de vie commença enfin à s’améliorer.

    De 1982 à 1989, Shao a travaillé pour la compagnie pétrolière, dans une usine de charbon, un restaurant, et à la société de traitement des boues de Zhong Yuan pendant quatre ans. En 1989, elle a été employée par le bureau du journal du gisement pétrolier Zhong Yuan Oilfield où elle est restée jusqu’à sa retraite en 1995.

    En 2002, sa fille aînée accoucha d’un fils. Comme dans la plupart des familles modernes en Chine, Shao a commencé à prendre soin de son petit-fils dans la maison de sa fille – à Ri Zhao, ville de la province de Shan Dong. En 2006, son gendre ayant été admis à l’Institut de Nanjing Arts comme étudiant en maîtrise, et elle suivit la famille de sa fille dans la maison louée pour l’été sur l’île de Nanjing.

    Shao avait coutume de lire des bandes dessinées avec son petit-fils et de le regarder dessiner des dinosaures, des oiseaux et autres animaux. Un jour qu’elle s’ennuyait, elle a vu une photo d’eux deux, et a eu soudainement eu envie de la reproduire. Ce fut le début des créations de Shao.

    A l’été 2006, en plus de s’occuper des travaux ménagers et de son petit-fils, elle a commencé à dessiner pour tuer le temps. Encouragée par sa fille et son beaux-fils elle a produit plus de 200 œuvres en 8 ans. Ses dessins sont une création complètement spontanée. Ils reflètent la notion d’identité modelée par la culture chinoise de ce dernier demi-siècle.

    Shao n’a reçu aucune éducation professionnelle, aucun enseignement artistique mais en suivant son imagination et sa fantaisie, elle recrée des oeuvres à partir de photographies dont la plupart sont des portraits en noir et blanc, en utilisant ses couleurs et en renouvelant les structures des originaux. Les oeuvres de Shao nous présentent une généalogie de sa famille, des documents en image sur les différents aspects du temps qui passe, un véritable tableau historique des personnages. La composition des tableaux de Shao est majoritairement basée sur des photos de famille. Nous pouvons aisément ressentir cet esprit de familial au travers de ses tableaux – famille élargie, sociétale et cette similarité déroutante qui persiste dans les différents contenus.

    Shao ne reproduit pas exactement la photographie ; elle utilise dans ses dessins un langage unique qui sauvegarde l’atmosphère intense et les caractéristiques physiques des photos tout en créant une sorte de trop-plein de couches d’animation et d’à-plats rigides. De gros corps, de petites têtes et de subtiles altérations dans la coiffure font naître des lectures narratives, une véritable chronique de l’histoire de la famille chinoise contemporaine typique et de son évolution. Tous les chinois et ceux qui ont connu la vie dans ce pays pourraient facilement trouver de fortes résonances émotionnelles dans son oeuvre.