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    LAURA GARCIA KARRAS

    Portrait-Laura-Garcia-Karras

    Laura Garcia Karras définit ses peintures comme des espaces silencieux. Au creux du silence s’installe une réflexion à la fois picturale, philosophique et poétique principalement basée sur le temps. La représentation du vivant (arbres, branchages, fleurs, feuillages) traduit alors notre rapport déstabilisé aux images. Elle tient une construction naturelle, le moulage minéral d’une forme vivante, végétale ou animale, dont l’empreinte a traversé le temps pour se retrouver dans sa main. Une sensation, proche du sublime, qui est aux fondements d’une recherche physique, conceptuelle et plastique. (Texte : Julie Crenn)

    Née en 1988, Laura Garcia Karras a étudié à l’école de La Cambre, de Bruxelles, puis aux Beaux-Arts de Paris, dont elle est sortie diplômée en 2015. En 2018, elle était lauréate du Concours de la Fondation Crédit Agricole et la troisième lauréate du Prix Antoine Marin, parrainée par Bernard Frize. Elle est actuellement résidente à Poush Manifesto à Aubervilliers.

    Née en 1988 aux Lilas, France
    Vit et travaille à Paris, France

    FORMATION

    2015
    DNSAP Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris

    2013-2015
    Atelier Dominique Gauthier, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris

    2009-2013
    Etudes supérieures section peinture, ENSAV La Cambre, Bruxelles, Belgique
    Licence en peinture, ENSAV La Cambre, Bruxelles, Belgique

    EXPOSITIONS PERSONNELLES

    2023
    Rosebud, commissaire: Anne-Laure Peressin, PARIS-B, Paris, France

    2019
    Le Jardin de Derek, Galerie Comparative, Paris

    2017
    Le cabinet d’histoire naturelle, le musée et le casino, Beirut art Fair, Beirut
    Mephistowaltz, Galerie Comparative, Paris

    2016
    Le désir du requin-marteau, Galerie Comparative, Paris
    Graduation exhibition, Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris

    EXPOSITIONS COLLECTIVES

    2023
    Immortelle, MO.CO. (Montpellier Contemporain) Panacée, Montpellier, France
    Galerie Taymour Grahne Projects, Londre, Royaume-Uni

    2022
    Une autre Odeur, Poush, Clichy, France
    Vernissage à L’italienne, Galerie L’Avant Galerie Vossen, Paris
    Forest Fantasy, Fondation, Greenline, Parc d’Ognon, France
    Double Nature, siège d’Havas, Puteaux, France
    Pardes, Atopos, Paris, France

    2021
    Lisière, Poush, Clichy, France
    Galerie Sabine Bayasli, Paris, France

    2020
    She Ate the Crumbs : The Other Nature of Women, Galerie HB, Tokyo, Japon

    2018
    Réception, Hors Cadre en collaboration avec la Galerie Valeria Cetraro, Paris, France

    2017
    Novembre à Vitry, Vitry, France

    PRIX

    2018
    3ème lauréate du prix Antoine Marin, présentée par Bernard Frize, Paris
    Lauréate concours fondation Crédit Agricole, Paris

    • vignette-laura-garcia-karras-rosebud-paris-b Laura Garcia Karras
      ROSEBUD
      01/27/2024 - 03/09/2024
    Anne-Laure Peressin

    Née en 1991, Anne-Laure Peressin est critique d’art et commissaire d’exposition. Elle vit à Paris et réside à POUSH (Aubervilliers) au Bureau des Penseur.euses. Diplômée en droit et en histoire de l’art, elle a été membre active du collectif Jeunes Critiques d’art (YACI) de sa création à 2020, rédactrice en chef dans la presse artistique pendant 4 ans et autrice jeunesse en histoire de l’art aux éditions Fleurus. Elle collabore régulièrement à l’écriture de catalogues et d’entretiens, que ce soit depuis 2018 pour l’Ecole des Beaux-arts de Paris, ou pour des institutions privées et internationales (KIT museum à Düsseldorf, arTsenal de Dreux, galerie FOCO à Lisbonne, château du Marquis de Sade…).
    En qualité de curatrice, elle élabore des expositions dédiées à la scène contemporaine émergente, en accordant une attention particulière à l’inclusion des plus jeunes publics. Elle intervient également dans des jurys pour attribuer des bourses, des aides à la production, de résidences ou d’expositions (experte à Carré sur Seine…).
    Ses sujets d’investigation se concentrent autour de trois axes : la médiation de l’art contemporain auprès des enfants ; une réflexion sur la matérialité de l’objet qui fait œuvre pour sonder ses composants et ses effets sensibles ; et une approche réflexive dans les manières de faire exposition où l’espace, les oeuvres et les dispositifs sont des éléments conditionnels d’une appréhension totale.

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    Texte d’Anne-Laure Peressin pour l’exposition Rosebud de Laura Garcia Karras

    Fleur, atome et menace ; Couleur, arôme et frisson.

    Tout est là, par leur présence, par leur force.

    À l’abri des regards, ayant pour compagnie ses plantes entretenues et quelques anciennes planches de botaniques, Laura Garcia Karras réfléchit, doute, conçoit, étudie, doute encore, observe, se questionne… Avant d’être peinture, l’œuvre est cosa mentale, exercice d’esprit qui a force d’être aiguisé chez elle tend vers une libération de la prison des apparences.

    Ces fleurs ont été si scrutées, détaillées, peintes, que cette parfaite maîtrise de leur image, comme du symbolique, permet à l’artiste d’accéder à une autre sphère, celle des retrouvailles.

    Retrouvailles non pas avec l’apparence du végétal, mais bien avec l’essence de la création : celle de la graine en puissance, du noyau, de l’origine. Sa peinture susurre l’existence du secret des choses liant le vivant à la nature, d’un mystère qui nous dépasse et qui pourtant est présent. Nous le ressentons, le pensons, le vivons mais nous ne savons pas. S’il constitue la matière première de Laura Garcia Karras, il y a son pendant : le matériel et ce moment où l’artiste entre en scène, outil à la main.

    Sous la lumière tamisée de son atelier, sur un sol jonché de taches de peintures, l’artiste déploie de grandes toiles blanches au mur, allant de la taille d’une main à celle de son corps. Après une esquisse à peine tracée à la pointe du crayon, le pinceau entre dans l’action, celle de peindre. La main de l’artiste ne doit plus être qu’une simple exécutante répondant aux ordres du dominé au dominant. Avec elle, notre regard suit de long tracés, où la peinture à l’huile révèle les entrailles de l’idée plutôt que de sa propre consistance. Appliqué en un seul geste, l’huile ne tolère aucune hésitation, à l’artiste de l’étirer pour révéler sa souplesse tout en nuances, offrant à notre vue une palette de camaïeux. Parmi les dégradés linéaires et les pentes aiguës, nous tentons d’imaginer la pression et la caresse du pinceau, l’épaisseur et la fluidité de la matière, la précision et la vivacité d’un geste parfaitement habile. Nous ne pouvons que l’imaginer tant la facture ne trahit nullement le passage de l’outil.

    Si les œuvres de Laura Garcia Karras ne révèlent pas tous leurs secrets, les dernières toiles de l’artiste témoignent toutefois d’une nécessité d’approfondir de nouveaux enjeux. Un voile laiteux, brumeux ou fumeux dévoile l’espace sur lequel naissent les formes : c’est le premier geste, celui d’un jet du jus sale de ses pinceaux. En se répandant sous le regard de l’artiste, ce jus sale prolonge intrinsèquement ce qu’il contient : les pigments délayés de la peinture précédente, achevée.

    Au confinement de ces fluides, qui se prolonge naturellement d’une toile à une autre, notre œil se promène pour s’égarer dans leur crépuscule ou leurs nuages vaporeux gris perlés. Nos narines frétillent d’odeurs chimériques : ça sent la terre brûlée, le fer chauffé. Des effluves cacaotées aux senteurs de tabac, des parfums caramel aux goûts métalliques, les saveurs se multiplient, à la limite du vertige. Des tons charbonneux se déversent en houle paresseuse parmi des vibrations brunes en éclats qui dispersent leurs échos au-delà de la toile.

    Les lambeaux de peinture dévoilent alors leurs fibres, leur chair à vif dans une composition écorchée parfaitement lisse. Jamais les zones de peinture ne se mêlent ; chaque fragment se divise en fractales distinctes. Pourtant, leur union forge une symphonie soudaine, un crescendo presque fatidique, telle une déflagration atomique.

    Laura Garcia Karras semble puiser ses couleurs dans les éléments de la physique – le carbone, le fer, l’azote, le soufre – pour mieux en tirer leur intrinsèque luminosité. En jouant sur les complémentarités binaires, chaleur et fraîcheur, humide et sec, sombre et lumière, immobile et mouvant, descente et montée, la peintre semble pétrie des lois qui régissent l’équilibre des forces. Cette symbiose entre puissance et fragilité provoque une composition rythmée par contrastes. Émerge alors un champ entre attraction et répulsion où la profondeur n’existe que par son antonyme, autrement dit, le sombre jaillit au premier plan en triomphant sur la lumière colorée. Les formes se désintègrent à mesure qu’elles naissent de noyaux incandescents, sortes d’œils du cyclone, qui semblent nous épier en anticipant une menace.

    Si la prose devient facile en regardant les toiles de Laura Garcia Karras, c’est qu’en plus d’exalter les sens, elles réveillent en douceur chez l’observateur.ice la poésie qui s’était assoupie en elle et en lui. De l’atome à la bombe, du bourgeon à la fleur, l’image originelle est ainsi transmuée chez l’artiste vers une vision abstraite mariant dans un même espace, les trois métamorphoses allégoriques qu’elle reflète : passé, présent, avenir.

     

    Anne-Laure PeressinAnne-Laure Peressin