Baptiste Rabichon compose ses photographies tel un peintre. Une feuille de papier RC couleur est sa toile vierge, un territoire d’expérimentation pour ses procédés de composition, mêlant photographie analogique, images numériques et projections d’objets divers appartenant à son quotidien. C’est dans l’obscurité de la chambre noire qu’il rassemble ses souvenirs en bouleversant notre rapport à la photographie. Des fleurs cueillies quelques jours auparavant sont posées sur l’agrandisseur et mêlées à des clichés préexistants récoltés sur internet ou dans des magazines. Mais le caractère quasi scientifique de cette esthétique qui évoque les herbiers des botanistes du XIXème siècle est perturbé par la sensualité d’une mystérieuse silhouette féminine délicatement allongée.
La fabrication de caches de différentes formes et dimensions est aussi essentielle à sa démarche. En empêchant la lumière d’atteindre le papier, ces éléments créés ad hoc et avec minutie contribuent à la création de cette fusion harmonieuse de corps humains et incrustations végétales. Dans certaines régions du papier on s’aperçoit que le hasard a toujours son mot à dire.
Né à Montpellier en 1987, Baptiste Rabichon vit et travaille à Paris. Après des études de viticulture et d’oenologie, il rentre à l’ENSA Dijon en 2009, à l’ENSBA Lyon en 2011 et à l’ENSBA Paris en 2012. En 2015 il intègre le Studio National des Arts Contemporains (Le Fresnoy) dont il sort diplômé en 2017 avec les félicitations du jury. Il est lauréat 2017 de la résidence BMW et expose au 63ème Salon de Montrouge en 2018.
Expositions :
Dame de coeur
Summer group show
À l’intérieur cet été
What you’ve missed…
Une vie à l’opéra
Vues d’artiste


Né en 1987 à Montpellier
Vit et travaiile à Paris
FORMATION
2015/2017 : FRESNOY
2012/2014 : ENSBA Paris
2011/2012 : ENSBA Lyon
2009/2011 : ENSA Dijon
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2023
Verbatim, Galerie Binome, Paris, France
Mother’s Rooms, Studio Frank Horvat, Boulogne, France
2022
XXe siècle, Reuter Bausch Gallery, Luxembourg
Vues d’artiste, PARIS-B, Paris, France
2021
Sur le Motif, Festival Lieux-Mouvants, Lanrivain, France
A Room with a View, Tap Sea Gallery, Macao, Chine
2020
Parisian drawings, Aéroport de Paris-Orly, Paris, France
2019
Ranelaph, Collaboration with GwinZegal, Festival Lieux mouvants – Hameau de
Saint-Antoine, Lanrivain, France
Les chemises de mon père, CACN Centre d’Art Contemporain de Nîmes, Nîmes, France
17ème, Galerie PARIS-B, Paris, France
2018
En ville, Cloître Saint-Trophime, Rencontres d’Arles, France
Dame de cœur, PB PROJECT Galerie PARIS-B, Paris, France
2017
There Should Have Been Roses, Lianzhou Museum of Photography, Lianzhou, Chine
2016
Les discrètes, 71B, Paris, France
2015
Libraries, RVB Books, Paris, France
Tout se délitait en parties, Galerie du Crous, Paris, France
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2021
A fleur de monde – à propos du toucher, Centre Photographique Rouen Normandie
Plantagories, Cité Internationale des arts, Paris
A exposer en cas d’urgence, endroit caché dans Paris
Upside down, DOC!, Paris
Les intermittences du cœur, exposition à quatre mains avec Fabrice Laroche, Galerie Binôme, Paris
2019
Nous qui désirons sans fin, Galerie Jeune Création, Komunuma, Romainville, France
Utopies, Le Studio Rouchon, Paris, France
Le facteur (temps) sonne toujours deux fois, Delta Studio, Roubaix, France
Translation et rotation, Art-O-Rama, Marseille, France
2018
63ème Salon de Montrouge, Le Beffroi, Montrouge
Dos au mur, 18 rue Larrey, Paris
Mutations, Gujral Foundation, Delhi, Inde
2017
Rêvez !, Collection Lambert, Avignon
Zadigacité, en duo avec Morgane Tschiember, Delta Studio, Roubaix
Surfaces sans cible, 22 Visconti, Paris
L’eau de vos yeux, douze architectures géniales, 11bis Elzévir, Paris
Roman (Panorama 19), Le Fresnoy, Tourcoing
Emulsions, Arnaud Deschin Galerie, Paris
Incarnations, Galerie Jean Collet, Vitry
Les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides, Le Cric, Nîmes
2016
Une inconnue d’avance, Villa Emerige, Paris
Ma samaritaine, Samaritaine, Paris
Panorama 18, Le Fresnoy, Tourcoing
L’échelle de la représentation, Immix Galerie, Paris
ICM, Icart, Paris
Art Up !, Grand Palais, Lille
2015
Supplices de l’instable, 24 rue Davoust, Pantin
Mulhouse 015, Biennale de Mulhouse, Mulhouse
Chers objets (2), Galerie Immanence, Paris
Chers objets (1), Refectoire des cordeliers, Paris
50 x 70, Espace Beaurepaire, Paris
Sélection du Prix HSBC pour la photographie, HSBC, Paris
Sélection du Prix Icart 2015, Espace Pierre Cardin, Paris
2014
Learning distances, 6b, Saint-Denis
Variation, Espace des Blancs-Manteaux, Paris
Cul, Espace Le Huit, Paris
2013
Hollywood Caillou, Galerie des Multiples, Paris
Projet Rue Gustave Goublier, Paris
5191, IESA, Paris
PUBLICATIONS
2020
CACHES, RRose Editions, Paris
2018
En ville, Editions du Trocadéro, Paris
2015
Scanners Frolics, Rrose Éditions, RVB Books, Paris
Libraries, RVB Books, Paris
RECOMPENSES
2022
Lauréat du prix Camera Clara
2021
Lauréat du prix Picto/Lab, Picto Foundation
2018
Lauréat du prix Moly-Sabata / Salon de Montrouge
2017
Lauréat du prix BMW pour la photographie
RESIDENCES
2021
Résidence Picto/Lab, Picto Foundation, Paris
2019/2020
Cité Internationale des Arts, Paris, France
2018
Moly-Sabata
2017
Flash France, Institut Culturel Français, New-Delhi, Inde
2016
Écritures de lumière, Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
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Baptiste Rabichon
VUES D’ARTISTE
11/05/2022 - 12/17/2022 -
Group Show
Une vie à l’opéra
06/30/2022 - 07/30/2022 -
Exposition collective
WHAT YOU’VE MISSED …
05/25/2020 - 07/25/2020 -
Baptiste Rabichon
A l’intérieur cet été
01/24/2019 - 03/09/2019 -
SUMMER GROUP SHOW
SUMMER GROUP SHOW
07/01/2018 - 07/28/2018 -
PB PROJECT : Baptiste Rabichon
DAME DE COEUR
03/29/2018 - 05/12/2018
Paris Photo : la photographie dans son plus simple appareil – Michèle Warnet
Baptiste Rabichon sacré 11e lauréat du Prix Camera Clara 2023 – Léa Boisset
Baptiste Rabichon est le lauréat de la 11ème édition du Prix Camera Clara – Ericka Weidmann
Baptiste Rabichon – Fabien Simode
Baptiste Rabichon : Revelations Emerige – Marine Relinger
Le non dupe erre – Jean-Christophe Arcos
Le facteur (temps) sonne toujours deux fois – Léo Marin
Baptiste Rabichon, scanners conditionnés – Clémentine Mercier
À l’intérieur cet été, exposition de Baptiste Rabichon – Pauline Lisowski
Entretien, « To see what it does » – Manon Klein
Entretient, Baptiste Rabichon – Valérie Toubas et Daniel Guionnet
Baptiste Rabichon, jeune pousse aux rayon X – Louise Vanoni
« LE NON DUPE ERRE »
Texte du dossier de presse de l’exposition personnelle Les Chemises de mon père au CACN, Centre d’Art Contemporain de Nîmes, 2019
– Par Jean-Christophe Arcos
Pour la dernière exposition du Centre d’art contemporain de Nîmes dans ses locaux actuels, Baptiste Rabichon dévoile une de ses recherches les plus intimes, puisant dans son histoire personnelle comme dans celle de Nîmes. Après avoir montré son travail en Inde et en Chine, à Arles, à Paris et à Roubaix, l’artiste revient dans la ville où il a ses attaches.
Il ne s’agit pas à proprement parler de souvenirs : Les Chemises de mon père ne renvoient pas uniquement à un passé lointain, à une évocation d’enfance ou à une réminiscence nostalgique – au contraire, les temporalités s’amalgament, les strates se surimposent les unes sur les autres, les matières et les techniques mixtes trament ensemble des images qui s’apparentent moins à un récit univoque qu’à la combinaison fusionnelle entre le motif, le médium et une réflexion intense sur leur alliance.
C’est qu’ici, dans ces Chemises, se rendent lisibles certains enjeux majeurs de la photographie contemporaine, tout autant que les emprunts et traces que Baptiste Rabichon doit à ceux qui l’ont précédé.
En plaçant une partie de ses sujets à proximité du papier photosensible ainsi mas- qué, il s’inscrit dans une lignée qu’on pourrait faire remonter aux anthotypes de Sir John Herschel ou aux natures mortes cyanotypes d’Anna Atkins (Baptiste Rabichon recourt régulièrement aux végétaux, comme dans ses séries Ranelagh, Natures mortes aux silhouettes ou, plus récemment, 17ème).
L’emploi du développement chromogène, qui fonctionne par l’oxydation succesive et conjointe d’une substance développatrice et d’un copulant qui la colore, témoigne d’une connaissance poussée de la chimie propre au développement de la photographie argentique, mais aussi d’un syncrétisme entre lâcher prise et contrôle du processus. Maîtrise technique et évolution aléatoire travaillent en- semble à faire l’image.
A cette première collaboration s’en ajoute une autre, qui taraude le contemporain: la part de la machine.
L’emploi récurrent, mais sans exclusive, de la numérisation par scanner, Baptiste Rabichon l’envisage comme la possibilité de compléter son dispositif de représentation : l’œil de l’appareil discerne et restitue ce à quoi l’œil humain reste aveugle. Comme le Blow Up d’Antonioni l’avait synthé- tisé, rien ne lui échappe.
Est-ce pour l’humaniser, l’amoindrir ou simplement par jeu, les mécaniques de précision qu’utilise Baptiste Rabichon sont souvent altérées, bricolées, parasitées, tordues ; mutilées, poussées au bout de leurs capacités, elles finissent par abandonner toute retenue et livrent en n des résultats inattendus : la tache, le glitch, la diffraction sont autant de marqueurs de phénomènes propres aux optiques actuelles qui permettent de tout rassembler sur le même plan, y compris l’acte de voir même.
Le support condense plusieurs surfaces – c’était déjà le credo des cubistes, qui s’attachaient à tout montrer, y compris les faces cachées, poursuivi par les Fabric Works de Louise Bourgeois par exemple.
Des plis pourtant referment par en- droits un drapé dérobé à la vue ; des taches pourtant éclipsent des bouts de matière – c’est que la tache profane autant qu’elle protège : en maculant la peau de la photographie, elle donne accès à un second plan et permet d’appréhender la profondeur des couches et des statuts qui cohabitent dans l’image. Différents états de mise en visibilité s’y côtoient : le même tissu est scanné, photogrammé à distance, projeté… soulevant la complexité qui construit une image.
L’imagination ne suffit pas à faire image : entre le visionnaire et sa réalisation, une suite de gestes, de phénomènes, d’événements déroule une chronologie d’épreuves. Le résultat ne sera pas un triomphe sur l’adversité, mais un palimpseste marqué par l’altérité : s’il s’agit d’être «contre la ma- chine», ainsi que le revendique Baptise Rabichon, c’est tout autant dans un acte de résistance que dans une proximité coopérative. L’association entre homme et machine se noue sans doute dans le rapport au code:alors que le premier cherche à entretenir un rapport authentique au réel, dispensé de la relativité et de la subjectivité du langage, le second ne s’active que selon une logique objective et préprogrammée. Entre clash et articulation, Baptiste Rabichon et ses appa- reils restituent ensemble une ambivalence fondamentale entre le lumineux et l’occulte.
Ainsi, si ces Chemises arborent tout à la fois le patchwork des dessins d’indiennes de Nîmes, la structure du tissu, le geste et parfois la figure (le corps) de l’artiste, elles attestent au fond de l’impureté du travail artistique, qui, enfantant d’aberrations à force d’arranger les hasards, n’est dupe ni de ses empires, ni de ses instabilités.